Le ski français vient de perdre l’un de ses grands noms. Jean-François « John » Leduc est décédé vendredi matin à 5 heures du matin, des suites d’une longue maladie à l’âge de 77 ans. Vivant à Albertville avec sa compagne Josiane, le Vosgien a été très impressionné la disparition de son fils Nicolas (« Nounours »), instructeur décédé des suites du Covid il y a deux ans. « Il avait laissé par écrit ses dernières volontés, ses directives, vous savez, il est resté coach : contactez son ami Carlo Bagno et Antoine Dénériaz, son fils spirituel comme il l’appelait » témoigne Josiane.
Deneriaz : « Il m’a dit que j’étais à lui, mon fils spirituel… »
Antoine Dénériaz, l’un des premiers à recevoir la triste nouvelle, témoigne. « La première fois que John m’a vu skier, c’était en 1993 pour une Coupe des championnats de descente à La Thuile, explique le champion olympique de descente 2006. Champions Cup. Il dit à son voisin au bord de la pente : « Ce gros glisse d’une manière étrange… et ce voisin c’est mon père qui lui a répondu, ce gros c’est mon fils… » Il m’avait vu et moi avait participé grâce à lui à la Coupe du monde junior. A l’époque, les CFF n’allaient pas bien et les groupes de Coupe d’Europe avaient été supprimés. A la place la fédération avait créé un groupe interrégional que j’ai rejoint l’année suivante et coaché par John Jean-Marc Dao Lena (décédé en novembre 2019). Nous n’avions pas le statut d’équipe de France. J’étais accompagné de Gaëtan Llorach, Richard Gravier, Vincent Blanc, Joël Chenal, Cédric Morand… et on l’appelait « groupe éphémère » parce qu’on ne savait pas combien de temps ça allait durer. Nous avons aussi fait confectionner des t-shirts « éphémères ». John était un coach simple, il aurait pu semer la discorde mais pour nous c’était un papa poule coach qui a toujours défendu ses cavaliers. C’était un passionné et une figure importante du ski français. Il m’a dit que j’étais son fils spirituel… Sans lui, je serais passé inaperçu. Il pouvait voir en moi des qualités que les autres ne voyaient pas…. »
« Il a suivi toutes les courses… »
Nous l’avions contacté récemment lors des Jeux de Pékin pour parler d’un autre Vosgien Clément Noël devenu une légende et il avait partagé son admiration pour le nouveau champion olympique de slalom. « Il a suivi toutes les courses et ne s’est pas privé de commenter… » ajoute Josiane.
« Il a consacré sa vie au ski »
« C’est lui qui a lancé les parcours de vitesse à Tignes, il a été précurseur dans de nombreux domaines et fait partie de ces gens qui dictent le rythme, rappelle Pascal Silvestre, directeur technique du Comité Savoie, qui a travaillé avec John Leduc, alors président de la commission alpine du comité de Savoie (il était également responsable des directeurs techniques FIS, entre autres fonctions, ndlr). J’ai beaucoup voyagé avec lui. Il a consacré sa vie au ski. Il était un amoureux de la vitesse (descente et super-G) et était au service des athlètes, avec le sens du travail en équipe. »
Ski Chrono présente ses condoléances à Josiane, sa famille et ses proches.
Des Vosges aux Alpes avec Maurice Adrait
Maurice Adrait a été l’adjoint de John Leduc de 1979 à 1983 alors qu’il dirigeait l’équipe technique. « Il vient des Vosges et a pris ce groupe technique dans lequel on avait Michel Canac, Michel Vion, Daniel Fontaine, Daniel Mougel, Christian Gaidet, Didier Bouvet, Yves Tarvernier. Je me souviens de sa joie lorsque Michel Vion a été champion du monde de combiné à Schladming en 1982. Il a ensuite quitté les CFF avant les JO de Sarajevo pour devenir hôtelier à Ventron dans les Vosges, mais il a tourné la page car sa vie était le ski.