JO D’ALBERTVILLE 1992. François-Cyrille Grange : « J’ai trébuché avant d’allumer la vasque olympique… »

JO D'ALBERTVILLE 1992. François-Cyrille Grange : "J'ai trébuché avant d'allumer la vasque olympique..."

L’identité du dernier relayeur sur le chemin de la flamme olympique aux JO d’Albertville était un secret bien gardé. Le Dauphiné libre il avait été persuadé que la célébrité qui officierait à cette cérémonie d’ouverture serait accompagnée d’un garçon de Valloire. Un enfant que nous avons pu rencontrer avant ce jour magique dans la maison familiale, au bien nommé hameau des Granges !

Le choix de Michel Barnier et Jean-Claude Killy, les deux co-présidents du comité d’organisation des Jeux Olympiques, s’est porté sur un jeune Maurien, justement pour ramener un peu de baume au cœur de cette vallée oubliée des Jeux, sans preuve olympique alors que la Tarentaise avait pour sa part tiré le gros lot. « Les organisateurs voulaient un blond mais à Valloire il ne courait pas dans les rues, donc ils n’avaient pas d’autre solution que de prendre un garçon noir comme moi », se souvient François-Cyrille Grange, choisi pour accompagner… Michel Platini dans ce la dernière Epoque.

Préféré à Jean-Baptiste

Au casting figuraient son jeune frère Jean-Baptiste Grange (futur double champion du monde de slalom) et Tony Martin, un autre jeune skieur de Valloire. « Ils m’ont pris parce que j’étais le plus souriant sur la photo. Mon frère JB était un gars timide… »

Depuis le 8 février 1992, jour de la cérémonie d’ouverture, François-Cyrille, 8 ans et 1 mois à l’époque, n’a rien oublié. Souvenez-vous de la longue attente dans les arcanes de ce stade éphémère, vêtu d’un banc et d’un pull rouge aux couleurs de l’Olympique de Savoie à anneaux. Un pull oversize que sa mère Annick, ancienne skieuse française, avait coupé avec les ourlets.

Il n’a même pas oublié le moment où il a découvert l’identité de ce mystérieux dernier relayeur. « Il a fallu deux minutes pour monter sur scène, on m’a dit que c’était Michel Platini. Vous pouvez imaginer ma surprise. J’étais skieur mais aussi jeune footballeur. J’avais entendu parler de cette légende à la maison avec mon papa qui est fan de foot, de Saint-Etienne et de la Juventus à Turin où Platini avait brillé… »

Disparu en mai 2021, son père Jean-Pierre, également ancien membre de l’équipe de France de ski, était attaché de presse de la station et grand amateur de football, a recueilli France Football.

« Je n’étais pas très doué… »

Le jour J, à Albertville, la rencontre entre les deux derniers relayeurs s’est déroulée dans un univers un peu « gelé ». « Michel Platini, quand il est arrivé à ma hauteur, il a voulu me faire un bisou mais on m’a pas beaucoup embrassé donc j’ai esquissé un pas en arrière… on le voit sur les images à la télé », témoigne François-Cyrille.

Vient ensuite la longue traversée du stade olympique dans le noir. « J’avais essayé avec un figurant mais là ça me paraissait infini. Nous avons pris le grand escalier avec Michel Platini. Nous avons monté les marches vers la piscine au milieu des gradins bondés… J’ai trébuché avant d’allumer la flamme sur la dernière marche, certainement le stress… mais Michel Platini m’a retenu de la main. « 

Arrivé en haut, dominant l’esplanade, « Platoche » passe alors le flambeau au garçon sous les applaudissements et il allume une boule de feu qui vient illuminer le bassin.

Un moment d’éternité en mondiovision qui vaut 30 ans après les sollicitations médiatiques de François-Cyrille Grange de Radio France dans Ouest France.

« J’ai quand même rencontré le président de la République »

A l’issue de la cérémonie, le garçon savoyard aura les honneurs de la tribune présidentielle. « J’ai retrouvé le président de la République, François Mitterrand… » Il a également partagé la vedette avec Séverine, la jeune femme d’Annecy-le-Vieux qui a chanté la Marseillaise a cappella ce soir-là. « On est resté en contact et on garde le contact », confie celui qui est devenu entraîneur-chef du ski club de Valloire.

Quant à Michel Platini, il le revit un an plus tard lors d’un match du Variétés Club de France dans la région lyonnaise. « Il m’a invité à donner le coup d’envoi du match avec des stars du football comme Dominique Rocheteau, l’idole de mon père. « 

Des moments inoubliables stockés dans la boîte à souvenirs Grange.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *