Ils ont troqué les skis contre un casque et un micro. Même après leur carrière, ces anciens champions, devenus consultants, continuent chaque hiver de fasciner tous les passionnés de ski. Pour cela Ski Chrono lance sa série « Les mots du consultant ». C’est au tour d’Alexis Bœuf, qui représente pour beaucoup la voix et le visage du biathlon.
Depuis combien de temps êtes-vous consultant et comment avez-vous été embauché ?
« J’ai commenté certaines courses juste après l’interruption de ma carrière à Eurosport en 2015 pour tenter ma chance. C’est arrivé un peu par hasard. L’année suivante, j’ai rejoint L’Equipe. Nous étions plusieurs anciens biathlètes à tester et puis finalement j’ai été totalement intégré au projet. »
Qu’est-ce qui vous motive dans ce rôle ?
« La nouveauté m’a attiré et j’ai trouvé cette activité intéressante, surtout parce que j’ai eu l’opportunité de faire de la vidéo, ma passion. Je veux expliquer notre sport car même si le biathlon est télégénique, il n’est pas toujours compris et donc ne peut pas être apprécié. Il est important pour moi de bien comprendre toutes les subtilités pour rester accessible. C’est pourquoi je me suis forcé à sortir du jargon spécifique. Je pense que notre vocabulaire est suffisamment riche pour utiliser d’autres mots afin d’éviter d’être trop technique et de perdre un peu plus de temps pour mieux clarifier certaines choses. Ce rôle de consultant n’est pas un choix par défaut, j’y mets tout mon coeur. »
Comment s’est passé tes débuts au micro ?
« Ça s’est bien passé, François Schlotterer m’a donné les bases et des conseils sur le métier et je l’en remercie. Ensuite, Guillaume Claret, qui est devenu un ami, m’a très bien accompagné et je me suis senti chanceux de pouvoir compter sur un expert qui a su me laisser de la place. Je n’ai pas ressenti de stress particulier car nous sommes dans une bulle dans la cabine et il n’y a aucune pression pour parler en public. J’ai apprécié le fait que L’Equipe ait donné sa chance au biathlon pour sa diffusion et ne se soit pas contenté de diffuser les courses. Cette liberté et cette confiance n’ont fait que renforcer l’intérêt de la discipline. Ils ont su s’adapter et m’ont beaucoup consulté pour différentes décisions.
Comment vous préparez-vous à commenter ?
« Je ne prends pas le temps de préparer mes commentaires car je veux être attentif au moment présent, à l’image… Avec parfois près de sept heures par jour en direct, je pense que je serais moins efficace si je me lançais dans la recherche de tous les Je laisse le soin à Anne-Sophie (Bernadi) ou à la direction qui nous aide beaucoup là-dedans. Pour moi, le biathlon me fait ressentir des émotions en ce moment, c’est pourquoi je veux être très réactif. »
Quelle relation entretenez-vous avec votre journaliste et partenaire sur le plateau ?
« Avec Messaoud (Benterki) et Anne-Sophie (Bernadi) nous avons une relation professionnelle très cordiale. Nous nous entendons très bien et c’est agréable de travailler avec eux à cet égard. Je pense qu’on peut dire qu’on a des relations amicales, même si on ne se voit pas dehors puisqu’ils ont leur vie à Paris et pour ma part je vis en Savoie toute l’année. »
Quelle est votre relation avec les athlètes de la compétition ?
« Il était évident que les premières saisons, il y avait une certaine proximité alors que je commentais mes anciens coéquipiers et adversaires. Les relations changent avec les générations qui évoluent. Les athlètes ont besoin de sentir qu’on parle de leur performance de manière appropriée. Vous devez être direct et juste, trouver un équilibre entre proximité sans être intrusif. Pour avoir cette relation de confiance je n’ai pas à défendre la performance à tout prix ou à briser l’athlète. Je dois transcrire la vérité. »
Quel est ton meilleur souvenir dans les commentaires ?
« Je me souviens de la Coupe du monde à Oslo en 2016 car il y avait de belles compétitions et un beau spectacle. La fin de carrière de Martin (Fourcade) m’a marqué car c’est un ami et l’affection est entrée en jeu, c’était émouvant de le voir sur du dur puis son retour assez fort. De manière générale, le biathlon nous offre de grands moments de sport. »
Qu’attendez-vous de la saison prochaine ?
« Nous revenons à une saison plus standard après les Jeux olympiques de l’an dernier. J’espère donc que nous aurons droit à une belle bagarre pour le classement général. Chez les hommes, j’espère que différentes nations s’inviteront plus régulièrement en haut du classement. Il y aura une belle bagarre entre Quentin (Fillon Maillet), Johannes Boe qui s’annonce en excellente forme, sans oublier Emilien (Jacquelin), Samuelsson. Pour les femmes ce sera assez ouvert car l’absence des Russes et des Biélorusses cède la place. Même si Elvira Oeberg semble être la plus forte sur les skis, ce n’est pas forcément suffisant donc ce n’est pas tout.
Alexis Bœuf en quelques mots
De la même génération qu’un certain Martin Fourcade, Alexis Bœuf a néanmoins réussi à se construire un bon palmarès étant donné que le Savoyard compte quatre médailles mondiales au relais et autant de podiums en Coupe du monde.
Parallèlement à son rôle de consultant, les activités ne manquent pas puisqu’il co-dirige la compagnie Nordic Festival qui organise chaque année le Martin Fourcade Nordic Festival. Alexis Bœuf s’implique également dans Biathlon Experience, une entreprise qui propose de faire découvrir le biathlon aux particuliers ou aux entreprises à travers des initiations, des séminaires, des événements…
« Je pratique aussi beaucoup de sports de plein air, c’est important pour moi », explique Alexis Bœuf. Cet hiver, j’aurai besoin d’un peu plus de temps pour développer les projets, donc je réduirai un peu les commentaires. »