Les 95 volumes du dossier Chevaline contenant plus de 8 000 documents et notes avaient été soigneusement empilés ces derniers jours, sortis de la pièce sûre et indépendante qui lui était réservée et dans laquelle il avait épaissi ces dix dernières années.
L’instantané d’une palette de dossiers en attente de transfert sous les néons du sous-sol du palais de justice peut sembler peu mais il incarne tout un symbole, celui d’une des affaires pénales les plus emblématiques de France, et celui d’une décennie d’enquête visant à démêler les mystère du quadruple meurtre de la famille Al-Hilli et du cycliste Sylvain Mollier, perpétré le 5 septembre 2012 en haut de la route forestière de la Combe d’Ire, au bout du lac d’Annecy. L’image donne également la mesure d’un dossier massif et tentaculaire seulement imaginé jusqu’à présent.
L’affaire pénale non résolue de la Haute-Savoie rejoint alors Paris. Un dossier extraordinaire dans lequel, malgré le travail considérable effectué par les enquêteurs devant d’innombrables pistes, ni l’objectif principal, ni le mobile, ni le meurtrier n’ont été identifiés.
Les magistrats instructeurs parisiens auront pour tâche de s’y plonger, d’approfondir les pistes déjà travaillées, celles qui n’ont pas abouti jusqu’ici, celles qui n’ont pas été complètement closes, mais aussi d’en envisager d’autres. Les enquêteurs de la section de recherche (SR) de la gendarmerie de Chambéry restent en charge des investigations.
Le « déménagement » d’un dossier d’instruction reste une procédure surveillée assez rare en matière judiciaire puisque les dossiers, entièrement numérisés, ne sortent jamais physiquement des tribunaux. Les documents sont transmis par voie électronique.